Hubert Reeves

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Billets hebdomadaires publiés dans
Le Journal de Montréal

De janvier à mai 2011


Les chroniques qui paraissaient précédemment dans Le Journal de Montréal ont cessé d'être publiées depuis le 23 mai 2010.

Hubert Reeves n'a cependant pas pour autant, à ce moment-là, arrêté de collaborer avec Le Journal de Montréal. Toutes les semaines à partir de juin 2010, de courts billets signés d'Hubert Reeves ont été publiés dans l'édition dominicale, en remplacement des chroniques et en marge des autres articles en rapport avec l'environnement par ailleurs présents dans les mêmes éditions.

Voici les derniers billets dominicaux de Hubert Reeves dans le Journal de Montréal, datés du début de l'année 2011 jusqu'au 8  mai (la première à apparaître) de la même année. Les dates indiquées sont celles pour lesquelles l'envoi fut fait par Hubert Reeves au journal, et donc celles auxquelles elles sont vraisemblablement parues.

Ces billets terminent la série, il n'est pas prévu de reprise.


Voir aussi : Billets publiés de juin à décembre 2010.

Le 8 mai

Des catastrophes sont parfois bénéfiques.

Il y a 65 millions d'années une météorite géante frappe la Terre dans le golfe du Mexique. Sous l'effet de la chaleur dégagée les forêts s'embrasent …

Parmi beaucoup d'autres espèces, les grands dinosaures sont exterminés.

Des mammifères survivent au cataclysme. Par la suite, débarrassés de ces rivaux qui freinaient leur développement, ils se diversifient. Ce sont nos petits ancêtres de l'époque.

Le 1er mai

À quelque chose, malheur est bon.

Alors que le Canada semble vouloir ignorer le réchauffement planétaire et exploite à fond ses réserves de sables bitumineux, l'Australie est maintenant largement axée sur le développement des énergies renouvelables.

Les gigantesques catastrophes climatiques récentes (sécheresses, feux de forêts, inondations) ne sont sans doute pas sans relations avec ce changement de politique.

Le 24 avril

Il nous faut énergie propre, sécuritaire et durable aux échelles de temps de l'humanité (qui a déjà 200 000 ans).

Les réserves pour le nucléaire sécurisé ne dureront pas plus d'un siècle. Les surgénérateurs, encore loin d'être sécurisés, moins de cinq mille ans.

La rentabilité de fusion de l'hydrogène est encore trop hypothétique pour l'inclure dans une politique énergétique réaliste et responsable.

Le 17 avril

Nous doublons notre quantité d'énergie consommée tous les 30 ans. Si nous continuons au même rythme, il n'y aura aucune solution possible pour les 7 milliards d'hommes que nous sommes, et bientôt les 10 milliards à l'horizon de 2050.

Pour résoudre les problèmes liés à l'énergie, il faut d'abord revenir à une attitude plus frugale, être moins énergivore, manger moins de viande, éviter le gaspillage, isoler les maisons et prendre les transports en commun.

Le 10 avril

Le conflit entre la sécurité et le profit dans l'élaboration des plans d'une centrale nucléaire est une des raisons pour laquelle je pense que le nucléaire est une activité trop dangereuse pour être confié aux humains si facilement négligents quand la routine s'installe, quand la surveillance se « fonctionnarise ».

On ne laisse pas les enfants jouer avec les allumettes.

Le 3 avril

Des accidents graves provoqués par des erreurs humaines arrivent dans bien des contextes non-nucléaires.

La différence avec ce qui s'est passe au Japon, c'est que ces accidents n'ont pas une incidence planétaire. Ils ne mettent pas en danger la vie de millions de personnes comme cela ce serait passé si les vents avaient tourné en direction de Tokyo dont la population dépasse trente cinq millions.

Le 27 mars

On peut développer les systèmes de sécurité les plus efficaces contre les erreurs techniques, on n'est jamais à l'abri des erreurs humaines.

Les principaux accidents nucléaires, Three Miles Islands, Tchernobyl ont été provoqués par des erreurs humaines.

À Fukushima, dans une région de très haute activité sismique, on a érigé un mur de sécurité de moins de sept mètres de hauteur contre les tsunamis …

Le 20 mars

Dans les forêts de séquoias de Californie les gens se promènent en baissant la voix, exactement comme dans une cathédrale. Cette attitude traduit bien l'état d'âme qu'inspirent, dans la lumière tamisée par l'épaisse frondaison, ces gigantesques piliers. Dix hommes n'arriveraient à n'en encercler aucun de leurs bras tendus.

L'impression de pénétrer dans un lieu empreint d'une sacralité contagieuse impose un silence impérieux.

Le 13 mars

L'univers végétal n'est pas toujours un havre de paix. En certains lieux, il est inhospitalier, voire hostile, et même terrifiant.

Il faut garder en mémoire le fait que, sous toutes les latitudes, les forêts (équatoriales ou tempérées) abritent les plus grandes variétés de plantes et d'animaux. Il est urgent de les protéger contre l'exploitation abusive qui menace de les extermine.

Le 6 mars

Je passe beaucoup de temps dans la compagnie des arbres.

J'aime aller à leur rencontre, pénétrer dans leur univers. Leurs présences intenses et discrètes accompagnent ma réflexion ou ma rêverie.

Parmi eux j'ai le sentiment confus de notre participation commune à ce puissant courant de vie qui se manifeste par la persistance de milliards de générations d'êtres vivants, sur notre planète, dans un coin perdu de la Voie Lactée.

Le 27 février

L'émergence d'une conscience planétaire est une condition indispensable à la survie des humains.

Savoir que l'excès de consommation de pétrole et de charbon dans une partie de la planète provoque un accroissement de la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes : ouragans, sécheresses, inondations, canicules, vagues de froid (eh oui !) dans une autre partie de la planète, peut aider à réaliser l'importance de réagir avec vigueur.

Le 20 février

La réduction de l'émission des gaz responsables du réchauffement climatique est aujourd'hui une priorité absolue pour éviter des désastres humanitaires (désertification de régions fertiles, montée des eaux, phénomènes climatiques extrêmes).

Comment comprendre, face à cette urgence admise aux plus hauts lieux (conférence de Copenhague), la mise en œuvre de projets d'extraction des gaz de schiste (méthane) dans le fleuve Saint Laurent ?

Le 13 février

Des territoires entiers – une partie du Bengladesh, certaines îles des océans Pacifique et Indien – sont menacés d'inondation par la montée du niveau des eaux provoquée par le réchauffement climatique : plus d'un mètre avant la fin du siècle.

Des gens – qui vivent beaucoup plus frugalement que nous – sont obligés de quitter leur pays à cause de notre utilisation excessive du pétrole, du gaz naturel et du charbon.

Le 6 février

Le pétrole, le charbon, le gaz naturel que nous brûlons dégagent du gaz carbonique (CO2) qui s'accumule dans l'atmosphère.

Cette substance retient la chaleur émise par le Soleil et réchauffe l'atmosphère et les océans. Hors de tout doute raisonnable, nous pouvons aujourd'hui admettre que cette activité humaine est largement et prioritairement responsable de l'augmentation de la température moyenne constatée depuis quelques décennies.

Le 30 janvier

En un siècle, nous avons brûlé près de la moitié des réserves de pétrole.

La nature a mis plus de cent millions d'années à les élaborer par la dégradation des forêts de l'époque du carbonifère (il y a environ trois cent millions d'années).

Aujourd'hui nous abordons l'ère de l'après-pétrole.

Le problème se pose de trouver des sources d'énergie suffisantes pour couvrir les besoins de l'humanité.

Le 23 janvier

Des formes de vies intelligentes sur des planètes extérieures au système solaire pourraient se manifester par l'envoi de messages radio, même si leur teneur devait nous rester incompréhensible.

Pourtant, après des décennies d'écoute avec les récepteurs les plus sensibles, nous n'avons encore jamais reçu de signaux révélateurs de tels envois.

Mais les écoutes se poursuivent avec patience et détermination. Peut-être qu'un jour nous recevrons quelque chose. Alors quel choc ! Quelle émotion !

Le 16 janvier

Comment pourrions-nous savoir si une planète extérieure au système solaire (exoplanète) est habitée par une forme de vie, aussi primitive soit-elle ?

Les cellules vivantes peuvent transformer la constitution chimique de l'atmosphère de l'astre qu'ils habitent.

La présence de traces de molécules d'oxygène ou d'ozone dans la lumière provenant de leur surface serait une forte indication de la présence d'organismes vivants.

Le 9 janvier

Les planètes extérieures (exoplanètes) que nous avons découvertes jusqu'ici sont-elles habitables ?

Bien peu le semblent. La grande majorité sont surtout essentiellement gazeuses. Elles sont soumises à des différences de températures extrêmes.

Nous ne connaissons pas toutes les aptitudes des êtres vivants à s'adapter à des conditions difficiles et adverses. Mais grâce aux observations en cours, nous pourrons bientôt en savoir plus sur ce sujet.

Le 2 janvier

Radioactivité

La chaleur interne de la Terre provient en grande partie de la présence d'atomes radioactifs (uranium, thorium) dans sa matière interne.

Sans eux, le centre de la Terre se refroidirait rapidement et l'ébullition cesserait. Le champ magnétique de la Terre disparaîtrait et la surface ne serait plus protégée de l'effet létal des particules rapides (rayons cosmiques) qui sillonnent l'espace interstellaire. La planète serait inhabitable.


Voir aussi : Billets publiés de juin à décembre 2010.