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Érosion de la biodiversité, l’autre urgence

Vers un grand ratage environnemental ?

Publié le 23 juin 2014 dans Le Point.fr

L’Agence française de la biodiversité promise par François Hollande devait regrouper toutes les agences existantes. Elle en a mystérieusement oublié une…

Un paysage de la région Midi-Pyrénées.
Un paysage de la région Midi-Pyrénées. © AFP

Le président de la République s’est engagé à l’exemplarité et, de par la Constitution (article 18), il a le droit à des messages aux parlementaires des deux Assemblées. Va-t-il laisser le gouvernement et le Parlement accoucher d’une agence tronquée ?

Lors de la Conférence environnementale de septembre 2012, le président de la République affirmait son ambition de rendre la France exemplaire en matière de biodiversité. Il annonçait la création d’une Agence française de la biodiversité, moyen de donner de la cohérence aux actions d’établissements publics regroupés pour le même objectif de préservation si nécessaire des espèces, des écosystèmes et des interactions qui s’y effectuent. À l’époque, confiant dans la promesse solennelle d’une telle agence, j’appelais, en tant que président d’Humanité et Biodiversité, à la doter de réels moyens d’action. En 2013, associations, syndicats, représentants des collectivités ont dit, dans une tribune commune, leurs attentes et leurs espoirs. Le Conseil national de la transition écologique (CNTE), regroupant des représentants d’employeurs, de syndicats, d’associations et d’élus, a fait de même.

L’Office national de la chasse et de la faune sauvage oublié …

Nous voici en juin 2014, la loi biodiversité qui créera l’agence a entamé son parcours législatif. Las, ce n’est plus l’Agence de toute la biodiversité. L’agence prend principalement en compte les milieux aquatiques puisque sont regroupés l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques et l’Agence des aires marines protégées. Si l’Atelier technique des espaces naturels (Aten) et les Parcs nationaux de France (PNF) y figurent aussi, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) est le grand absent, alors que cet établissement a des missions d’étude et de recherche sur la faune et les milieux.

Alors que la biodiversité, remarquable ou ordinaire, aquatique ou terrestre, doit, en bonne logique, mobiliser tous les établissements publics concernés, laisser l’ONCFS hors du regroupement fait subir une amputation majeure à l’agence. Elle perd alors une partie importante de sa cohérence, de son sens et de son utilité.

Comme il n’est jamais trop tard pour mieux faire : intégration de l’ONCFS (quitte à donner un délai de deux à trois ans) ou prévoir, par décret, un rattachement des deux structures … Des solutions existent pour aboutir, aujourd’hui ou demain, à une agence de pleine efficacité. Le projet de loi va être débattu à partir du 24 juin à l’Assemblée nationale. À suivre …