Hubert Reeves

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Lettre éditoriale du 29 décembre 2009

Paris, le 29 décembre 2009.

Ni l'art ni la science ne sont des barrières à la violence

Chers amis,

L'art offre une vision de la réalité. La science en offre une explication provisoire. Alors que la science requiert un raisonnement, une rationalité, l'art s'adresse à l'un ou l'autre de nos sens. Et engendre un état d'âme. Quand un air de musique, un tableau nous transportent, nous voilà faisant corps avec l'œuvre. L'artiste nous transmet une vision du monde à laquelle on adhère spontanément, sans chercher à comprendre. L'artiste n'explique pas son œuvre : il l'enfante. Le résultat nous chavire ou nous laisse indifférent : c'est une question de sensibilité personnelle. Il y a comme une frontière étanche entre l'art et la science, mais je ne parlerai ni d'opposition, ni de conflit. Ce sont deux manières d'appréhender le réel, et se priver de l'une ou l'autre m'apparaît comme une infirmité. La sphère des sentiments et celle de la raison sont complémentaires. Et toutes deux me sont indispensables.

Ni la science ni l'art ne nous disent si telle ou telle décision est bonne ou mauvaise. De grand savants œuvrèrent au perfectionnement des armes. Et de grands tortionnaires étaient des mélomanes ou des amateurs d'art éclairés.

La musique n'adoucit pas forcément les mœurs. Dommage …

Amicalement,

Signature d'Hubert Reeves