Hubert Reeves

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Billets hebdomadaires publiés dans
Le Journal de Montréal

De juin à décembre 2010


Les chroniques qui paraissaient précédemment dans Le Journal de Montréal ont cessé d'être publiées depuis le 23 mai 2010.

Hubert Reeves n'a cependant pas pour autant, à ce moment-là, arrêté de collaborer avec Le Journal de Montréal. Toutes les semaines à partir de juin 2010, de courts billets signés d'Hubert Reeves ont été publiés dans l'édition dominicale, en remplacement des chroniques et en marge des autres articles en rapport avec l'environnement par ailleurs présents dans les mêmes éditions.

Voici, de la plus ancienne, datée du 6 juin 2010, à la dernière de l'année (la première à apparaître), toutes les pensées proposées à la réflexion des lecteurs du Journal de Montréal en 2010. Les dates indiquées sont celles pour lesquelles l'envoi fut fait par Hubert Reeves au journal, et donc celles auxquelles elles sont vraisemblablement parues.

Ces billets continuant à êtres publiés, nous vous invitons à revenir ici périodiquement pour consulter les mises en ligne à venir de nouveaux billets.

Bonne lecture.


Voir aussi : Billets publiés de janvier à mai 2011.

Le 26 décembre

Radioactivité

La chaleur interne de la Terre provient en grande partie de la présence d'atomes radioactifs (uranium, thorium) dans sa matière interne.

Sans eux le centre de la Terre se refroidirait rapidement et l'ébullition cesserait. Le champ magnétique de la Terre disparaîtrait et la surface ne serait plus protégée de l'effet létal des particules rapides (rayons cosmiques) qui sillonnent l'espace interstellaire. La planète serait inhabitable.

Le 19 décembre

Nous connaissons maintenant l'origine du champ magnétique de la Terre. Il est engendré par de puissants courants de matière à l'intérieur du globe terrestre. Ces courants sont provoqués par le fait que le centre de la Terre est à une température de plusieurs milliers de degrés. La chaleur interne est continuellement transportée vers la surface.

La Terre est comme une marmite au contenu en ébullition.

Le 12 décembre

La présence d'un champ magnétique semble être une condition importante pour qu'une planète soit habitée.

Des flux de particules rapides (rayons cosmique) sillonnent l'espace et bombardent en permanence tous les corps célestes. Le champ magnétique de notre planète oriente les boussoles mais aussi il dévie ces particules et protège la surface de la Terre.

La vie ne survivrait pas sans ce bouclier protecteur.

Le 5 décembre

Comment savoir si une planète extrasolaire est habitable ?

Plusieurs conditions semblent requises. D'abord qu'il s'y trouve de l'eau sous forme liquide. C'est-à-dire que sa température de surface ne soit ni trop chaude ni trop froide. Il faut pour cela qu'elle ne soit ni trop proche ni trop loin de l'étoile autour de laquelle elle gravite.

Dans notre système solaire, seule la Terre remplit ces conditions.

Le 28 novembre

Y a t-il ailleurs dans l'Univers des planètes habitées par des êtres vivants ?

La question reste encore sans réponse. Mais nous obtenons depuis quelques années des informations importantes dans le cadre de cette recherche.

Nous avons découvert plusieurs centaines de planètes gravitant autour d'étoiles de notre galaxie. Reste à savoir si elles sont habitables et surtout si elles sont habitées …

Le 21 novembre

Dans une situation concrète où il serait nécessaire de choisir entre la vie d'un être humain ou celle d'un animal (lors de l'agression d'un tigre par exemple), il est intéressant de se demander à quel titre nous devrions favoriser la survie de l'être humain ?

Y a-t-il des arguments autres que la simple fraternité humaine ?

Beau sujet de discussion.

Le 14 novembre

L'idée que l'être humain est le chef d'œuvre de la nature, est profondément ancrée dans nos traditions philosophiques occidentales.

Pourtant il faut prendre en considération le fait que ce choix est établi à partir de critères (intelligence, conscience, etc) qui sont définis par les humains eux-mêmes. Nous sommes à la fois juge et partie ! Ce fait compromet la valeur de ce choix. Et le fait qu'il ne soit pas possible de sortir de cette situation ne change rien à l'affaire.

Le 7 novembre

Souvent des jeunes couples me demandent. « Face aux menaces environnementales, faut-il faire des enfants ? »

Je leur cite alors une phrase de l'écrivain Emil Cioran : « … il n y a rien, mettons presque rien, à attendre de la vie ». Je demande : « Comment, selon votre vécu personnel, réagissez-vous à cette affirmation ? » Selon le cas, ils choisiront, ou non, de faire des enfants, en intégrant également dans leur décision le problème plus vaste de la surpopulation mondiale.

Le 31 octobre

Le succès présent des techniques de planning familial partout sur la planète laisse prévoir la possibilité d'un plafonnement de la population humaine autour des neuf milliards de personnes vers le milieu du 21 siècle, (aujourd'hui on approche les sept milliards).

Et, par la suite, une possible diminution progressive du nombre de personnes avec, comme conséquence, un vieillissement rapide de la population. Il importe de prendre dès maintenant ces éventualités en considération

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Le 24 octobre

Les démarches d'origine gouvernementale pour contrôler les naissances ont régulièrement engendré des catastrophes.

Exemples : les politiques de stérilisation des hommes en Inde sous Sanjay Gandhi, fils d'Indira Gandhi ou les efforts natalistes de la Chine qui déséquilibraient les populations masculine et féminine.

La chute de la natalité dans le monde ces dernières années est attribuée à l'éducation des femmes qui se renseignent sur les méthodes de planning familial.

Le 17 octobre

La population de la Terre augmente toujours mais plus lentement. Les taux de natalité sont en baisse presque partout dans le monde. Dans les pays riches, il est souvent inférieur au taux requis pour maintenir la population (2,1 enfants par femme).

Le problème de la surpopulation demeure mais il semble moins grave que prévu il y a quelques décennies.

Le 10 octobre

Face à la réalité du péril écologique, il faut simultanément s'informer des rapports scientifiques, si inquiétants soient-ils, apprécier les risques et garder un optimisme déterminé.

Si on dit : « C'est foutu », on croise les bras et c'est vraiment foutu.

Il importe de ne pas rester les bras croisés.

Le 3 octobre

Des avions ont été cloués au sol du fait d'une éruption volcanique. Dans le passé certaines éruptions furent bien plus terribles. Et des nuages de poussières faisaient le tour du monde et obscurcissaient le ciel. Cette fois, ce ne fut grave que pour peu de personnes.

Et cela n'a pas même fait chuter la température moyenne du globe.

Le 26 septembre

Célébrons l'humus, pellicule vivante qui permet l'agriculture et donc notre vie.

Ayons une pensée reconnaissante pour les 100 kg de vers de terre, les 35 kg de bactéries et les 1100 kg de champignons microscopiques de chaque hectare d'une bonne terre.

Chacun de ces organismes remplit une tâche dans la chaîne du travail qui fournira de belles récoltes. Protégeons les contre les pollutions. Notre avenir et celui de nos enfants en dépendent absolument.

Le 19 septembre

Où sont passées les grenouilles ?

C'en est fini des grands rassemblements sur des étangs. Les batraciens paient un lourd tribu aux pollutions et à la disparition de zones humides.

Finis les concerts des mâles dont le chant attirant les femelles empêchait les humains de dormir la fenêtre ouverte …

J'ai la nostalgie de ces congrès bien localisés qui, comme autant de concerts, faisaient chanter la nature.

Le 12 septembre

La nature est éclatante d'intelligence. Souvent quand nous inventons une technique nouvelle, nous découvrons qu'elle la maîtrise depuis longtemps et bien mieux que nous.

La « bionique » est une technique qui consiste à élucider les secrets de la nature pour les mettre à profit.

Combien de secrets possède-elle encore dont nous n'avons pas d'idée mais que les chercheurs du futur tenteront d'élucider ?

Le 5 septembre

Je m'inscris dans un moment précis de l'histoire du monde.

Pendant quelques décennies je tiens le flambeau de la conscience que m'assure ce battement de cœur. Comme tant d'autres auparavant, il s'éteindra tandis que d'autres s'allumeront.

Vertige de cette formidable aventure de la vie sur la Terre.

Le 29 août

Je sens mon cœur battre sous mon pouce.

À travers la séquence ininterrompue de mes parents, de mes grands-parents et de tous mes ancêtres jusqu'aux lignées animales préhistoriques qui me l'ont léguée, cette douce et régulière sensation me relie directement au passé lointain de la vie terrestre et m'insère dans une histoire qui dure depuis des centaines de millions d'années.

Le 22 août

La conscience que nous avons de notre propre existence nous sert, entre autres choses, à découvrir que nous sommes mortels.

Ne vaudrait-il pas mieux ne pas le savoir ?

Les animaux, ne sachant pas qu'ils vont mourir — du moins le suppose-t-on — ne subissent pas l'angoisse de la mort. Ne doit-on pas les envier ?

Le 15 août

Être « du côté de la vie ».

La compassion universelle pour tout ce qui vit. Ces choix ne sont pas de l'ordre de la rationalité mais de l'ordre des valeurs. La rationalité se situe en aval.

Distinguer entre le « raisonnable » et le « rationnel ». Le premier inclut l'intuition et l'affectif. Le second n'implique qu'un déroulement correct du processus logique.

Le 8 août

« Beau ou laid, derrière chaque visage, Il y a quelqu'un »

C'est une citation extraite de « L'espace prend la forme de mon regard » Éditions Seuil, 1999, p. 42.

Blanc, noir ou jaune
Jeune ou vieux
Ce quelqu'un est unique
avec une histoire unique
C'est un humain à respecter.

Le 1er août

La terre tourne sur elle-même et, de ce fait, crée le jour et la nuit. Les effets de cette inexorable mécanique se font sentir dans d'innombrables évènements.

Le Soleil disparaît à l'horizon et les lueurs crépusculaires s'éteignent lentement. Les hirondelles se perchent, les chauves-souris s'activent. Les belles de jour se ferment et les belles de nuit déploient leurs corolles pastel.

Le 25 juillet

Plus de la moitié des humains vivent maintenant dans des milieux urbains.

Il est urgent de ramener la campagne dans la ville. La proximité de la nature sauvage est un facteur d'équilibre psychique de la plus grande importance. Les humains s'étiolent dans l'asphalte et le béton.

Conserver les espaces verts. Reverdir les terrains vacants et les fossés. Chaque mètre carré compte.

Vivent les pissenlits !

Le 18 juillet

Pour améliorer les récoltes, des agriculteurs déversent des pesticides. Le maïs et le blé poussent bien. Les populations de papillons et de fleurs sauvages diminuent rapidement.

Il faut dire la fragilité des papillons et des fleurs devant l'énormité de la puissance humaine.

Combien de temps encore profiterons-nous de leur éphémère beauté ?

Le 11 juillet

Le retour des saisons et de leurs fêtes.

Accueillir au printemps les trilles dans les sous-bois. Entendre à nouveau le chant du merle et cri du carouge.

Assister en été aux leçons de vols des nouvelles hirondelles. Constater à l'automne que les feuilles des érables changent de couleur.

Être à l'écoute de la nature pour retrouver ses racines et s'ancrer dans la réalité.

Le 4 juillet

Nous sommes inscrits dans une histoire qui se poursuit depuis des milliards d'années, dans le cosmos et sur notre planète.

Ce fait, qui nous paraît maintenant si familier, était inconnu des êtres humains il y a quelques décennies. Il influence toute notre vision du monde.

Nous devons en tenir compte dans nos décisions par rapport à notre environnement.

Le 27 juin

Nous sommes inscrits dans une histoire qui se poursuit depuis des milliards d'années, dans le cosmos et sur notre planète.

Ce fait, qui nous paraît maintenant si familier, était inconnu des êtres humains il y a quelques décennies. Il influence toute notre vision du monde. Nous devons en tenir compte dans nos décisions par rapport à notre environnement.

Se confronter avec cette mystérieuse entité que nous appelons « la nature ». Parce que nous en faisons partie et que notre sort y est intimement attaché.

Elle est l'éminence grise de notre existence. Nous la touchons de partout, ou plutôt elle nous touche de partout mais nous la connaissons si mal.

Le 20 juin

Message de l'astronomie contemporaine.

Comme les anciens nous avons conscience d'être reliés au ciel. Mais dans un cadre d'une ampleur que jamais personne n'a imaginé auparavant.

Notre vie s'inscrit dans une dimension gigantesque. Planètes, étoiles et galaxies en sont parties prenantes. Notre existence a des résonances cosmiques.

Le 13 juin

Dans le sous-bois
Un tapis de pervenches.
Le printemps est revenu.

« Capturer un instant harmonieux.
S'inscrire dans le courant du temps.
Percevoir le battement de l'existence qui passe … »

Citation extraite de « L'espace prend la forme de mon regard » Éditions Seuil, 1999, p. 10

Le 6 juin

Dans la chronique du 21 octobre 2007, j'écrivais, évoquant l'offre du Président de l'Équateur de renoncer à l'exploitation du pétrole dans un Parc naturel : « Éviter l'émission de millions de tonnes de gaz polluant est un acte qui place pour la première fois les autres États devant une responsabilité majeure.

Il est juste que soient compensés les revenus qui ne seront pas engrangés. Il reste à espérer que la liste des États qui interviendront sera longue. »

Son offre tient toujours.


Voir aussi : Billets publiés de janvier à mai 2011.