Hubert Reeves

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Changement climatique : la politique des petits pas

Publié le 26 octobre 2014 dans Le Point.fr

Les conférences sur le climat semblent vouées à l’échec. Mais elles provoquent une prise de conscience planétaire. Ce n’est pas rien, selon Hubert Reeves.

Échec retentissant
En 2009, la Conférence de Copenhague a été considérée par tous comme un échec retentissant. © Mads Nissen/Scanpix Denmark/AFP

Dans un peu plus d’un an aura lieu à Paris la 21e Conférence climat. Au vu des piètres résultats des précédentes, que peut-on en attendre ? Rio (1992), Kyoto (1997), Johannesburg (2002) sont déjà loin … Nous avons tous en mémoire l’immense déception qui a suivi la Conférence de Copenhague de 2009 sur le climat. Aucun accord juridiquement contraignant. Tout le monde, ou presque, a crié à l’échec. En 2012, un bilan des résultats obtenus depuis le Sommet de Rio il y a 20 ans a mis en évidence des manques considérables par rapport aux espérances. Rio + 20, malgré quelques avancées, réitère surtout les engagements des sommets antérieurs. Pouvons-nous être optimistes sur les résultats de Paris Climat 2015 ?

Il y a pourtant une autre façon d’envisager l’efficacité de ces conférences. C’est leur impact psychologique considérable sur les populations planétaires. À chaque fois, en grande partie grâce aux grandes campagnes médiatiques qui ont accompagné ces événements, les messages ont atteint une fraction importante des populations. On a dit, avec raison, que l’apport majeur de Rio, c’était l’irruption du mot écologie. Ce mot largement ignoré auparavant est alors passé dans ce qu’on peut appeler la conscience collective. Il se décline maintenant dans toutes les langues. Ainsi en est-il du mot biodiversité. Après Rio, Kuala Lumpur, et surtout Nagoya (2010), on le retrouve maintenant partout.

Prise de conscience

Le résultat net, c’est qu’une fraction importante de la planète a été alertée et a pris connaissance de l’existence des questions d’environnement et des menaces planétaires. Cela a induit, et induit encore, des réflexions, des conversations, des débats qui actualisent les problèmes. Et donc, sur le plan de la prise de conscience de la gravité de la situation, un progrès important a déjà été réalisé.

De la prise de conscience, on passe à l’action, et des comportements changent. Des pionniers élaborent des méthodes nouvelles, des produits nouveaux. Les technologies évoluent. La sphère politique s’empare davantage des dossiers …

La morale de cette histoire, c’est qu’il faut avancer lentement.

La stratégie des petits pas prend du temps. Cette stratégie est-elle suffisante pour contrer les menaces qui s’aggravent encore ? Avons-nous le temps d’attendre ? C’est la question angoissante qui se pose à nous. Pourtant, vouloir précipiter le rythme par des coups de force, des révolutions, ou par le recours à des idéologies extrémistes est sûrement la meilleure route vers l’échec et la catastrophe. Il nous faut, à tout prix, refuser d’écouter les sirènes de la violence …