Hubert Reeves

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2015 : les vœux d’Hubert Reeves pour sauvegarder l’environnement

Publié le 2 janvier 2015 dans Le Point.fr

Pour Reeves, les décisions qui vont être prises en 2015 sont d’une extrême importance. Il faut des moyens à la hauteur des enjeux.

Pollution urbaine
La conférence de Paris s’est fixé pour objectif de contenir le réchauffement global de la planète en deçà de 2 °C (photo d’illustration). © Zeppelin / SIPA

Ce qui compte, pour chacun d’entre nous, c’est d’avoir une vie … la meilleure possible. Or, la dégradation de chacun des trois piliers sur lesquels repose le bien-être humain — l’économie, le social et l’environnement — est préoccupante. Partager du pessimisme accroîtrait celui, éventuel, des lecteurs de ce billet. Positiver est un devoir. Mieux vaut partager de l’optimisme. Et surtout de la détermination.

En ce temps des souhaits, comme de coutume, formulons des vœux. Des millions d’années se sont écoulées depuis l’apparition des animaux, beaucoup moins pour les humains. D’où un premier vœu pour les décennies et les siècles suivants : que l’humanité y soit encore, et dans de bonnes conditions. Pour cela, les décisions qui vont être prises en 2015 sont d’une extrême importance. Il importe que la loi sur la biodiversité soit rapidement votée. L’Agence française de la biodiversité — dont je suis le parrain — doit stimuler des actions menées consensuellement, donc ensemble, c’est-à-dire avec tous les acteurs, et partout sur le territoire, au profit de toute la biodiversité, au-delà des aires protégées et des espèces emblématiques. Tout cela exige des moyens à la hauteur des enjeux.

Les années nous sont comptées

Et puis, en toute fin d’année, il y aura la Conférence de Paris qui réunira tous les pays engagés pour préserver le climat. Elle doit réussir mieux, beaucoup mieux que les précédentes (Copenhague, Lima). Les années nous sont comptées pour éviter des catastrophes caniculaires, des inondations cataclysmiques et des millions de réfugiés climatiques. Les États auront-ils le courage de prendre, enfin, les décisions nécessaires ? La société civile, c’est-à-dire tout le monde, tous ensemble, nous devons nous mobiliser pour les en convaincre … L’avenir de l’humanité en dépend.

Voilà donc déjà deux priorités que me dicte mon rôle de président d’une association — Humanité et Biodiversité — dédiée à la préservation du pilier environnement. Mais l’humanisme dicte aussi un troisième vœu qui concerne, lui, les humains d’aujourd’hui qui pâtissent de l’effondrement des piliers économie et social. Un devoir de solidarité envers tous nos frères humains s’impose. Pour solidifier les trois piliers évoqués — tous trois garants d’un humanisme, dorénavant élargi aux autres espèces, donc encore plus favorable à la nôtre —, il faut des gestes concrets. Et une détermination à toute épreuve que ne découragent ni les lenteurs administratives ni les échecs occasionnels. La tâche sera ardue. Il ne faudra rien moins qu’une volonté et un courage dignes de ceux de Winston Churchill lors de la Seconde Guerre mondiale. Les enjeux sont à cette hauteur.