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Il faut sauver les espaces verts de Paris !
Publié le 16 septembre 2019 dans Le Point.fr
L’urgence climatique nous impose de lutter contre les opérations immobilières qui déciment des espaces boisés de la capitale.

Un platane du Jardin des plantes, à Paris.
© Manuel Cohen
Au début de l’été, Anne Hidalgo a déclaré Paris en situation d’urgence
climatique
. Il était temps. Car Paris figure à la
5ème place mondiale des villes les plus denses, après Dacca
(Bangladesh),
Manille (Philippines), Le Caire (Égypte) et Mumbai (Inde), et avec un taux
d’espaces verts particulièrement faible, soit
14,5 m²/habitant, avec les deux bois de Boulogne et de
Vincennes (bien loin des 34 m² de Nantes, 45 m²
de Londres ou 313 m² de Göteborg). Selon
une étude récente menée par des chercheurs
américains du MIT, elle serait même la ville la moins verte du
monde.
Aussi, les élus parisiens ont décidé de multiplier les projets
en faveur d’une végétalisation des rues et places de la capitale,
ou encore annoncé la création de forêts urbaines
en
pleine ville pour lutter contre le réchauffement climatique et les
effets de la pollution, au parvis de l’Hôtel de Ville, sur
l’esplanade nord de la gare de Lyon, à l’arrière du palais
Garnier et sur une partie des rives de Seine. Mais en
parallèle de ces déclarations préélectorales, la Mairie valide des
permis de construire qui conduisent à détruire de nombreux arbres,
sous prétexte de densifier encore plus le tissu urbain, avec des
équipements et des logements sociaux supplémentaires.
Des abris quand Paris est une étuve irrespirable
En contradiction avec les objectifs annoncés plus haut, des
opérations immobilières suppriment à Paris les espaces boisés
existants, tels les 90 arbres abattus dans le jardin
botanique des serres d’Auteuil pour construire un stade de tennis à
la FFT, les 30 arbres abattus au TEP de Ménilmontant pour
transformer ce terrain de sport de quartier en logements, les
60 arbres abattus à Netter-Debergue pour une opération sur un
terrain de sport de quartier, les 26 arbres abattus à l’ESPCI
pour une extension démesurée
, dénonce France Nature Environnement Paris.
Sans compter les multiples opérations spéculatives sur de petits
îlots, tels que l’îlot Navarre, situé dans une continuité
écologique entre le Jardin des plantes et les arènes de Lutèce. Le
permis de construire a autorisé un groupe foncier à couper des
arbres centenaires au profit d’une maison individuelle de trois
étages. L’urgence climatique est telle aujourd’hui qu’elle nous
propose de refuser les permis de construire visant des projets
spéculatifs qui menacent ces espaces de fraîcheur, de santé et de
respiration. Ces espaces verts sont désormais des zones à
défendre
.
La multiplication des mouvements de riverains et de citoyens engagés dans des associations de protection de l’environnement déterminées à préserver ce patrimoine exceptionnel en témoigne. À l’image des abris souterrains antiaériens pendant la guerre, ces lieux doivent être préservés, car ils constituent des abris anticanicule et contribuent à sauver des vies humaines quand Paris devient une étuve irrespirable.