Hubert Reeves

Site officiel

Lettre éditoriale précédente :
5 novembre 2011
(Éthique de la Terre)
Archives des
lettres éditoriales
Lettre éditoriale suivante :
9 janvier 2012
(Faire preuve d’humanité)

Lettre éditoriale du 28 novembre 2011

Paris, le 28 novembre 2011.

Message aux candidats à la Présidence de la République française

Candidat aux plus hautes fonctions de l'État, vous allez proposer ce qui, selon vous, constitue les réponses à la complexité du monde, celles qui permettront de répondre aux différents défis auxquels la société française doit faire face et qui seront favorables aux Français à la fois dans le court et le long terme afin qu'aucune génération ne soit lésée.

Parmi ces défis, celui de l'érosion de la biodiversité est crucial. Nous sommes en effet dépendants de la santé de la nature, or la nature va mal. Depuis 20 ans et le sommet de Rio, ce double constat ne fait pas débat. Mais si tout au long de ces années, la prise de conscience a constamment progressé, les actes ne sont pas encore à la hauteur de l'enjeu.

Ainsi, en 2010, année internationale de la biodiversité, le Secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Ban Ki-Moon déclarait * : « Pour s'attaquer aux causes profondes de la perte de biodiversité, nous devons lui donner une priorité plus élevée dans tous les domaines de prise de décision et dans tous les secteurs économiques ».

Ce diagnostic, nous le partageons, mais qui mieux que le Président de la République peut, en France, le mettre en œuvre ? Qui d'autre que lui pour insuffler la dynamique pour que la France prenne ses responsabilités et tienne son rang pour atteindre les engagements pris à Nagoya en novembre 2010 ** « Prendre des mesures efficaces et urgentes pour mettre un terme à l'appauvrissement de la diversité biologique, afin de s'assurer que d'ici à 2020, les écosystèmes sont résilients et continuent de fournir des services essentiels, préservant ainsi la diversité de la vie sur Terre, et contribuant au bien-être humain et à l'élimination de la pauvreté » ?

Il faut agir et de nombreuses conditions sont à remplir pour relever ce défi. C'est en ce sens que notre association est, depuis plusieurs années, mobilisée sur une ligne constante claire : contribuer à ce que tout le monde fasse progresser la défense de la biodiversité dont l'humanité fait partie et dont elle dépend pour son avenir.

C'est pour cela que nous avons sensibilisé sans relâche le public, et travaillé avec tous les acteurs de la société. Nous appuyant sur nos capacités d'expertises et de propositions, nous avons acquis une capacité de mobilisation et d'intermédiation reconnue.

À la veille de cette échéance démocratique essentielle, il importe maintenant de connaître vos convictions.

C'est le sens de cette interpellation citoyenne, dont vous verrez à la lecture du descriptif exposé ci-après, qu'elle ne vise pas à vous soumettre nos propositions, mais bien à vous demander la place que vous accordez à la biodiversité dans votre projet de société, les réponses que vous comptez apporter à son érosion, la façon dont vous ferez de ce défi une opportunité pour construire le monde de demain. Notre avenir commun en dépend.


Signature d'Hubert Reeves


* Préface de la troisième édition du rapport de l'ONU « Perspectives mondiales de la biodiversité ».
** Plan Stratégique 2011-2020 – Convention sur la Diversité Biologique – Nagoya, novembre 2010.