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Les univers parallèles

Émission du 17 septembre 2005

Nous allons parler aujourd'hui d'un sujet populaire, aussi bien chez les astronomes que chez les amateurs de science fiction : les univers parallèles. Ils contribuent à donner au thème de l'univers un intérêt universel !

La question se pose : existe-t-il d'autres univers que celui que nous observons dans nos télescopes, celui de la photo du champ profond prise par le télescope Hubble ? Des univers totalement déconnectés du nôtre, avec lesquels nous n'avons aucun moyen de prendre contact ? Des univers qui, peut-être, hébergent des galaxies, des planètes ; sur ces planètes, des gens qui s'interrogent ? Ou des univers tout à fait différents, en dehors même des possibilités de notre entendement ?

La réponse est claire : « Oui, il est tout à fait possible que de tels univers existent par milliers, par millions, par milliards, à l'infini ! Il n'existe aucun argument qui justifierait l'affirmation contraire, à savoir que notre univers serait le seul à exister ».

Le mot « multivers » a été forgé pour décrire l'ensemble comprenant à la fois notre univers et ces univers hypothétiques.

Mais, on l'aura compris, la difficulté est de s'assurer de l'existence de tels univers, de trouver des preuves de leurs existences (ou de leur non-existence …). S'ils sont sans contacts possibles avec nous, comment savoir s'ils existent ?

Quand les observations manquent, les théories peuvent fournir des suggestions. La théorie du Big Bang n'est nullement incompatible avec la présence d'une multitude d'univers. Elle suggère que ces mondes pourraient avoir des propriétés tout à fait différentes de celles du nôtre. Pendant les tous premiers milliardièmes de seconde de notre cosmos, des phénomènes épisodiques importants ont eu lieu. Ces phénomènes (appelés transitions de phases) ont eu des résultats qui ont profondément influencé le cours des événements postérieurs. Ils ont fixé les propriétés de la physique : la nature des forces et les masses des particules élémentaires. Or, le résultat de ces phénomènes n'était pas déterminé à l'avance. Nous savons que ces propriétés auraient pu être très différentes. Notre monde aurait alors été tout à fait autre que celui qui nous héberge. De là est née l'idée d'univers parallèles où la physique pourrait être sans ressemblance avec la nôtre.

Des suggestions analogues nous viennent de l'étude des trous noirs. Il s'agit d'astres qui ne peuvent pas émettre de lumière : noirs. Celle-ci reste captive de la gigantesque gravité qui règne à leur surface. De tels astres existent en grande quantité dans notre galaxie, comme dans les galaxies extérieures.

La particularité de ces trous noirs, qui nous intéressent ici, c'est que tout ce qui tombe sur leur surface disparaît à jamais de notre univers. À cause précisément de cette gravité, aucun renseignement ne peut nous parvenir de leur intérieur. Alors, que devient la matière qu'ils attirent et engouffrent régulièrement ? Où va-t-elle ?

De l'absence de réponse à cette question est née l'idée d'univers déconnectés du nôtre.

Mais, quel que soit l'attrait de ces suggestions, force nous est de reconnaître que l'existence des univers parallèles restera du domaine de la science-fiction tant que nous n'aurons rien de plus satisfaisant à nous mettre sous la dent que des considérations théoriques.

Notre univers est le seul dont nous sommes certains de l'existence !

Note du webmestre :

Les chroniques des 3, 10 et 17 septembre 2005 ont été diffusées dans un ordre erroné. Celle-ci a, en réalité, été diffusée le 10 septembre 2005. Nous la faisons néanmoins apparaître ici sous la date du 17 septembre 2005, afin de respecter la chronologie initialement prévue.