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Des boues rouges dans les Calanques ?
Publié le 2 décembre 2015 dans Le Point.fr
Une gigantesque pollution aux boues rouges menace une partie du Brésil. En France, c’est la réserve des Calanques qui est menacée, s’inquiète Hubert Reeves.

L’État brésilien du Minas Gerais subit, à la suite de la rupture de deux barrages, une terrible pollution aux
boues rouges. © Agencia Estado / GABRIELA BILO
À l’heure de la COP21, échéance fondamentale pour les générations futures,
l’État brésilien du Minas Gerais subit, à la suite de la rupture de deux barrages,
une terrible pollution aux boues rouges
.
Celle-ci se répand tout au long du fleuve Rio Doce jusqu’à son delta,
et atteint donc la mer située pourtant à quelque 800 kilomètres de l’accident.
En France aussi, nous avons actuellement un problème qui n’est certes pas de même ampleur,
mais qui met néanmoins en cause ces mêmes boues rouges
transformées à partir de bauxite,
minerai riche en oxyde de fer présentant cette couleur caractéristique.
L’usine de Gardanne transforme cette bauxite pour créer
des alumines de spécialités
employées notamment dans nos écrans plats.
Depuis 1966, l’usine rejette des effluents liquides au large de Cassis,
dans la toute récente réserve des Calanques créée en 2012,
et ce, au moyen d’une canalisation vieille de cinquante ans.
Certes, une partie importante de ces effluents sont transformés en déchets solides.
Pour l’exploitant, ces substances ne sont d’ailleurs pas des déchets
,
mais plutôt une matière nouvelle qui reçoit le nom commercial de bauxalite
,
stockée désormais sur le site de Mange-Garri, balayée par les vents et lessivée par les eaux de ruissellement.
Et pendant ce temps, les rejets en mer, certes diminués, se poursuivent encore.
Dans ces conditions, les ONG — FNE, FNH, LPO, Surfrider, WWF et Humanité & Biodiversité — ont écrit au Premier ministre pour rappeler que l’arrêté préfectoral de 1996 prévoyait un arrêt de rejets en mer au 1er janvier 2016 et, puisque ce n’est pas le cas, lui demandent que l’autorisation d’exploitation ne soit pas renouvelée. Le ministère de l’Écologie ne fait pas mystère du fait que cette solution est la seule possible. Le dossier est maintenant entre les mains du préfet représentant de l’État français. En cette semaine où le monde entier a les yeux braqués sur la France, quelle va être la position gouvernementale ?