Divers

Hubert Reeves donne des nouvelles de l’univers à Malicorne

Hubert Reeves est venu donner des nouvelles de l'univers, en voisin, comme il le fait chaque année à Malicorne. Cette « causerie » annuelle permet à l'astrophysicien canadien, mondialement connu et reconnu, de faire passer, mine de rien, des messages. Hubert Reeves parle simplement de sujets qui, parfois, dépassent le commun des mortels. Mais quand Hubert Reeves raconte la Terre ou Mars, tout s'éclaire.

Des nouvelles, il y en a des bonnes, et c'est par celles-ci qu'Hubert Reeves a débuté son propos. L'adoption de la charte de l'environnement est de celles-là. « C'est une suite à la Charte des droits de l'homme. Le droit des êtres humains est aussi d'avoir un environnement sain. C'est désormais dans la Constitution. » Le principe de précaution est désormais une obligation au lancement de projets scientifiques. « Si un projet risque d'avoir des impacts sur l'environnement, on ne doit pas attendre d'avoir la preuve définitive pour dire : attention, il faut faire des recherches avant de le mettre sur le marché. Nous aurions pu éviter, en adoptant ce principe de précaution, l'amiante, l'hécatombe des abeilles, par exemple. »

« Autre bonne nouvelle : la réduction de la vitesse sur les routes, ce qui implique moins de gaz carboniques consommés et, surtout, moins de morts. Ce qui est dommage, c'est que les conducteurs l'ont fait par peur des amendes et pas parce qu'ils avaient compris le message. » En revanche, l'astrophysicien a souligné une vraie prise de conscience, cette fois, concernant les déchets. « Les gens trient de plus en plus et les amendes n'ont pas joué dans ce domaine. »

Le Gulf Stream est en danger

Des mauvaises nouvelles aussi, comme le réchauffement de la planète et ses effets. « L'échauffement planétaire déstabilise le climat. Les extrêmes sont de plus en plus fréquents. La canicule a rendu les choses plus réelles. La prise de conscience se généralise. 2003 a été l'année la plus chaude depuis deux cents à trois cents ans. Le réchauffement se ressent particulièrement dans les régions polaires. Les maladies tropicales se répandent vers le Nord, tout comme les ouragans. » Autre incidence de ce dérèglement climatique, le Gulf Stream, courant marin chaud qui adoucit les climats littoraux de l'Europe du Nord-Ouest, est de moins en moins salé, puisqu'il pleut de plus en plus, et risque de s'interrompre. Dans bien des domaines, Hubert Reeves en appelle simplement à la raison. S'il fait chaud, au lieu d'installer la climatisation, prenez un éventail ! Les éclairages nocturnes sont abusifs et empêchent d'observer les étoiles !

En parlant du ciel, Hubert Reeves a élargi son propos jusqu'à Mars. La planète rouge est regardée de près actuellement. Les recherches visent à découvrir s'il y a eu de l'eau sur Mars. Aujourd'hui, il n'y a plus que de la glace, mais les ravinements observés laissent à penser que de l'eau a bien coulé sur Mars. De là à dire qu'il y a eu de la vie ? « Il n'y en a plus, vraisemblablement. La température sur Mars est de moins 60 à moins 80 degrés. Mais il est possible que la vie se soit développée sur Mars avant la Terre. » Les recherches continuent et, bonne nouvelle, Hubert Reeves viendra les commenter à Malicorne l'an prochain.

Isabelle MASURE

07.09.04 à 09h36

Le Québécois Hubert Reeves, scientifique de renom, humaniste et écocitoyen convaincu, est venu donner des nouvelles, bonnes et mauvaises, de la planète à ses voisins de Malicorne et d'ailleurs.