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Problème d'énergie
Émission du 17 avril 2004
Aujourd'hui, et au cours des prochaines causeries, nous allons parler du problème des sources d'énergie pour les besoins de l'humanité.
Pour donner une image, je prendrai comme unité d'énergie celle que produit continuellement un réacteur nucléaire moyen, tel que nous les voyons le long du Rhône ou de la Seine. Un réacteur moyen génère environ un milliard de watts, soit l'énergie dépensée par un million de radiateurs de nos maisons. J'ajoute que, même si j'utilise cette équivalence, pour autant je ne suis pas un défenseur de l'énergie nucléaire. Il s'agit ici simplement d'une image pédagogique pour bien visualiser la situation.
L'énergie dépensée par l'humanité dans son ensemble équivaut aujourd'hui à celle que produiraient douze mille réacteurs. La plus grande partie de cette énergie (environ 75 %) provient du pétrole, du charbon et du gaz naturel. En réalité, il n'y a qu'environ cinq cents réacteurs dans le monde. L'énergie hydraulique, provenant des barrages, constitue une bonne partie du reste.
On s'attend, avec les avancées économiques des pays en développement, en particulier en Asie du Sud-est, à ce que cette consommation double d'ici à une cinquantaine d'années. C'est donc de l'équivalent de vingt-quatre mille réacteurs dont il faudra disposer à cette période. La question se pose : où prendrons-nous cette énergie ? Disons le tout de suite : la réponse est loin d'être évidente. C'est là un des grands problèmes qui se posent pour l'avenir de l'humanité. Aurons-nous assez d'énergie pour satisfaire tout le monde, même si d'importantes économies d'énergie auront été, entretemps, obtenues ?
Une des principales difficultés provient de l'utilisation présente du pétrole, du gaz et du charbon. Ce que nous appelons les « énergies fossiles ». Cette utilisation est problématique sur deux plans différents :
- Le premier problème, c'est qu'en se consumant, ces substances émettent du gaz carbonique qui réchauffe la planète par l'effet de serre. Déjà, l'alerte est donnée à cause des effets de plus en plus visibles, et quelquefois désastreux, de ce réchauffement. Augmentation du nombre et de la violence des phénomènes climatiques extrêmes : tempêtes, sécheresses, inondations, canicules, fontes des glaces et des glaciers montagnards. Des mobilisations ont lieu pour diminuer le taux de consommation de ces substances qui altèrent notre atmosphère …
- Le second problème, c'est l'épuisement prévu des réserves à relativement court terme. Au rythme où nous puisons dans ces réserves, les puits de pétrole et de gaz seront largement taris avant la fin du siècle. Le charbon, avant deux siècles. Ces estimations, parfois contestées par certaines compagnies pétrolières, sont pourtant aujourd'hui admises par les meilleurs spécialistes. Il serait imprudent, au nom d'un optimisme volontariste, de négliger leurs expertises. Entre parenthèses, cela signifie que l'humanité aura épuisé en un siècle ce que la nature a mis plus de cent millions d'années à élaborer. Ces énergies fossiles proviennent, en effet, de la lente transformation de matières végétales (plantes, forêts) en hydrocarbures dans des strates géologiques datant de deux cent à trois cent millions d'années.
Suite de cette discussion sur le problème de l'énergie dans une prochaine causerie.